31/07/06
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www.upjf.org.] Je ne peux pas penser, une seule seconde, que les journalistes qui travaillent pour les grands médias en France et en Europe ignorent tout du discours haineux et génocidaire des dirigeants du Hezbollah.
Je ne peux pas penser qu’ils ignorent que Al-Manar, la chaîne du Hezbollah, est le média le plus antisémite que le monde ait connu depuis la fin du Troisième Reich.
Je ne puis pas penser qu’ils ne savent pas que le Hezbollah est une organisation totalitaire qui endoctrine et soumet par la violence les populations civiles dans les zones qu’il contrôle. Je ne puis pas penser qu’ils ne savent rien du fait que les miliciens du Hezbollah utilisent les populations civiles du Sud Liban comme des boucliers humains, empêchent délibérément la fourniture de vivres à ces mêmes populations, de manière à disposer de victimes à exhiber devant des caméras.
Je ne puis pas penser qu’ils ignorent que des immeubles, tel celui qui vient d’être touché à Qana, sont des dépôts d’armes dans lesquels le Hezbollah place, de manière ignoble, des femmes et des enfants pour les sacrifier à des fins de propagande.
Je ne peux pas penser que ces mêmes journalistes ne savent rien ou presque de ce que subit en ce moment la population du nord d’Israël.
Je ne peux, dès lors, que me poser une question : pourquoi tant de mensonges et d’ignominies ? Je trouve peu d’explications. Je ne veux pas aller jusqu’à dire que l’antisémitisme, sous de nouveaux oripeaux, est de nouveau omniprésent en Europe, mais il m’arrive de penser que c’est le cas.
Bien sûr, vous répondront les intéressés, ils ne sont pas « antisémites », mais, poursuivront-ils, « regardez ce qu’ils font aux civils libanais ». Et si vous leur rétorquez que les Libanais sont victimes du Hezbollah, ils se transforment immédiatement en avocats du Hezbollah, en précisant qu’il « mène aussi des actions sociales » et que c'est un mouvement de « résistance ».
Certains concéderont, à la rigueur, que le Hezbollah doit être désarmé, mais ils ajouteront que cela doit se faire par la « négociation », voire, peut-être, par l’envoi d’une « force internationale », avec l’accord du « gouvernement libanais ».
Sachant qu’ils ne sont pas complètement idiots, je serais tenté de leur dire qu’Hitler, à sa manière, était très « social », et j’aurais envie de leur demander :
Résistance à quoi ? A l’existence d’Israël ?
Négociation avec qui ? Des fous furieux ?
Force internationale pour faire quoi ? Protéger le Hezbollah ?
J’ai eu, parfois, ce genre de discussion. Je les évite désormais. Je sais qu’il y a pire que des gens complètement idiots, à savoir : des gens qui font cyniquement les idiots, en pratiquant le tri sélectif des faits. Et je sais, hélas, que nombre de journalistes, en France et en Europe, font cyniquement les idiots et pratiquent le tri sélectif des faits. Je sais aussi, et c’est pour cela surtout que j’évite ce genre de discussion, qu’il y a davantage à l’œuvre : une forme de haine viscérale qui ne dit pas son nom.
Pour ces centaines de journalistes français et européens, Israël, désormais, est détestable par essence. Des réactions instinctives ont été incrustées dans leur cerveau et, quoi que fasse Israël, il a tort.
Des discussions s’engagent pour un processus de paix et s’interrompent ? C’est la faute d’Israël qui n’a pas fait assez de concessions dans la négociation.
Des ennemis d’Israël font des attentats terroristes ? Ils sont « désespérés » et utilisent « l’arme du faible ».
Israël riposte ? C’est le « cycle de la violence », qui va entraîner encore davantage de « désespoir ».
Israël n’a pas encore été accusé du récent épisode de canicule en France, mais, au train où vont les choses…
Cette haine, qui ne dit pas son nom, a des relents antisémites, incontestablement. Aucun Etat sur la face de la terre ne subit autant d’incriminations verbales et de calomnies qu’Israël. Aucun, sinon peut-être les Etats-Unis - qui ont, peu ou prou, autant d’ennemis haineux qu’Israël, mais sont la première puissance du monde.
Cette haine a aussi d’autres causes et, entre autres, une conception - totalement pervertie - de la repentance, dont implication est que quiconque semble faible et opprimé est digne d’éloge et de soutien. Or, aux yeux des Européens, les Arabes sont faibles et opprimés, en général, alors qu’Israël est « fort ».
A cela s'ajoute l’idée que le « rêve européen » est celui d’un monde dans lequel il n'y aurait aucun conflit qui ne puisse se régler par la diplomatie : un monde où personne ne veut le mal, où il n’y a pas de totalitaires, pas de méchants, et où, quand un « faible » ou un « opprimé » se montre agressif, c’est qu’il a raison et qu’on n’a pas fait assez d’efforts pour le « comprendre ».
Le fait qu’il y a plus de trois cent millions d’arabes, plus d’un milliard de musulmans et seulement six millions d’habitants en Israël, joue vraisemblablement un rôle aggravant. De même le fait que l’Europe soit toujours davantage une terre musulmane.
La peur du terrorisme entre en ligne de compte également : il n’y a rien à craindre si l’on crache sur des juifs ; par contre, critiquer des islamistes, c’est autre chose.
Adopter vis-à-vis d’Israël la position la plus communément adoptée dans le monde arabo-musulman fait sens, dans ce contexte, même si c’est très lâche.
On peut noter aussi un point rarement évoqué : l’islam radical - tel qu’il a cours tant dans la mouvance d'al-Qaida, que dans celle du Hezbollah, en passant par la nébuleuse Ahmadinejad -, n’est pas l’islam, mais un dogme politique dans lequel entrent bien des ingrédients empruntés aux idéologies totalitaires nées en Europe : national-socialisme, fascisme, communisme.
Il n’est pas étonnant que des intellectuels européens d’extrême droite débordent de mansuétude envers les islamistes - les uns et les autres lisent Mein Kampf.
Il n’est pas étonnant que des intellectuels d’extrême gauche débordent, eux aussi, de mansuétude envers les islamistes : en effet, on peut négliger le fait que les islamistes lisent Mein Kampf, lorsqu’on apprend qu’ils lisent aussi Lénine. Des journalistes pleins d’égard envers l’extrême gauche européenne peuvent voir, dans les islamistes, des lointains cousins de l’extrême gauche.
Quoi qu’il en soit, que les mensonges se répandent et soient pris pour argent comptant par les populations européennes, prouve qu’il existe, sur ce continent, une pathologie mentale collective préoccupante. Le fait que quasiment tous les dirigeants politiques européens, Chirac en tête, contribuent à cette pathologie mentale collective, est extrêmement inquiétant pour le futur de ce continent.
La guerre que doit mener Israël est âpre et douloureuse. Au plan international, Israël ne peut compter que sur le soutien des Etats-Unis de George Bush.
Israël est plus que jamais traité comme « le juif des Etats », selon l’expression d’Alan Dershowitz.
Quand bien même je serais seul à le dire encore en langue française, je le dis :
Le Hezbollah est un mouvement totalitaire et fanatique, aux buts génocidaires, dont l’objectif est tout à la fois de transformer le Liban en république islamique satellite de l’Iran des mollahs, et de détruire Israël, si possible en exterminant sa population.
Le Hezbollah ne peut avoir de place sur l’échiquier politique d’un pays démocratique. Israël ne peut vivre en ayant sur son flanc nord une armée de terroristes dont le but avoué est de détruire Israël. Toute issue autre que la destruction du Hezbollah serait, pour ce mouvement, une victoire aux conséquences très délétères pour l’avenir proche d’Israël.
Toutes les victimes civiles libanaises, y compris les femmes et les infortunés enfants de Qana, sont des victimes du Hezbollah et non de l’armée israélienne. Le fait de prendre des civils pour boucliers humains (fût-ce avec le consentement de ces civils) constitue un acte d’une cruauté et d’une lâcheté absolues, mais, hélas, logiques de la part de terroristes. Tout gouvernement occidental digne de ce nom devrait dénoncer les crimes du Hezbollah.
Ceux qui, dans la population libanaise, soutiennent le Hezbollah, subissent aujourd’hui les conséquences de leur choix et n’ont à s’en prendre qu’à eux-mêmes. Soutenir une organisation terroriste constitue un risque. On ne peut souhaiter l’extermination d’un peuple voisin et s’étonner, ou se lamenter quand ce peuple se défend. Le gouvernement libanais n’est pas innocent. Si des pays comme la France voulaient du bien au Liban, ils auraient dû, depuis longtemps, agir pour que ce pays soit une démocratie à part entière.