L'économie mondiale est, depuis la deuxième guerre mondiale, totallement interdépendante du pétrole. Le pétrole est partout : carburants, plastiques, chimie, électricité, bitumes, kérosène etc.
Il est également le principal fléau de notre monde : pollution, guerres
Dans le Grand Jeu mondial de la course au pétrole on peut distinguer différents acteurs, souvent aux idéologies bien antagonistes :
- Les USA (+Canada, Australie,UK)
- La Russie
- L'UE
- La Chine
- La Révolution iranienne
- L'Arabie Saoudite
- La Révolution Wahabite (Al Qaida)
- Les petits producteurs : Vénézuela, Norvège etc.
- Les consomateurs secondaires : Japon, Inde etc
Les Etats-Unis ont longtemps comptés sur leur propre production mais depuis quelques décennies ils sont totallement dépendants des approvisionnements saoudiens. Leurs tentatives de diversifier leurs approvisionnements échouent, en particulier au Vénézuela. Leur statut de producteur a développé un puissant lobby pétrolier qui bloque toute politique de réduction de la consommation et du gaspillage. Sans parler de l'influence des dollars saoudiens eux même sur la politique américaine.
Influence que les saoudiens mettrons à profit pour évincer Saddam Hussein de la scène politique. En effet, celui-ci se voyait leader du monde arabe et comptait bien se payer de la guerre contre l'Iran sur la bête, c'est à dire sur les petites monarchies pétrolières comme le Koweit.
Mais en 1991, il est encore perçut comme trop proche de la Russie (ex-URSS à l'avenir encore bien incertain à l'époque), ou même des européens. Les américains ménageront la chèvre et le choux en prouvant leur loyauté envers les saoudiens ( pris de panique après l'invasion du Koweit) et neutraliseront Saddam Hussein tout en gardant l'Irak sous sa coupe pour ne pas avoir à faire à une prise de pouvoir des chiites pro-iraniens.
Iran qui depuis le renversement du Chah a déclaré ouvertement la guerre à l'occident, ses valeurs démocratiques, au Grand Satan (USA) et au petit Satan (Israel). Cette guerre idéologique est sans appel, tout compromis par l'ouverture entrainerait , à terme, la chute du régime.
La manne pétrolière iranienne lui confère un certain pouvoir en dépit de son isolement diplomatique. Ainsi l'Iran contrôle plus ou moins le Hezbollah libanais, le Djihad islamique palestinien et l'opposition (désormais majoritaire) irakienne. Son programme d'acquisition de l'arme nucléaire est cohérent. Après avoir élaboré les lanceurs stratégiques, l'Iran se dote de têtes nucléaire. En terme d'armée conventionelle l'Iran est doté d'une armée extrèmement nombreuse, bien que composée essentiellement d'infanterie. Mais couplée à la dissuasion nucléaire tous les scenarii sont envisageables, l'invasion de l'Irak comme de l'Arabie Saoudite (du moins la zone pétrolière chiite à l'est), ou même le bombardement d'Israel.
Si l'Iran unifiait toutes les populations chiites du moyen-orient il disposerait de plus de la moitié des réserves de pétrole mondiale.
Cette situation arrangerait bien pas mal de monde en fait (sauf les Américains bien entendu). Les petits pays producteurs et surtout la Russie, dont le pétrole (et le gaz) constituent désormais la plus grande ressource financière. Au point que les oligarques pétroliers et gaziers dominent le pays d'une main de fer avec l'aide du nouveau FSB.
Enfin, presque tout le pays, car les oléoducs ont longtemps été menacés par les indépendantistes tchétchènes. Comment ce petit peuple a t'il pu tenir tête à la grande Russie aussi longtemps ? Tout simplement parcequ'ils étaient approvisionnés en armes et en argent par des filières secrètes saoudiennes. En réalité des branches obscures du réseau Al Quaida. L'intéret de cette guerre du Caucase est de couper et de contrôler les approvisionnements pétroliers afin de garder un cours mondial élevé et d'empêcher les occidentaux, en particulier l'Europe de diversifier leurs approvisionnements en Russie.
La Russie (le FSB et ses oligarques) a tout intéret à retrouver son influence dans la région de la mer Caspienne, là ou se trouve le pétrole, sinon c'est la banqueroute.
Si d'un côté la Russie a intérêt à ce que les cours du baril montent, par exemple en donnant des armes et en renforçant l'Iran, elle a également besoin des Américains dans sa lutte contre les islamistes. Américains qui s'introduisirent avec fracas dans le jeu local en évinçant les Talibans et Al Quaida en Afghanistan, s'établissant durablement dans la région avec des bases militaires permanentes. Et tant que Ben Laden sera censé courrir dans les montagnes de la région la présence de ces bases sera justifiée.
Mais à quel jeu jouent les saoudiens et Al Quaida ? Nous entrons ici dans le coeur du maelstrom car il existe en fait chez les saoudiens différentzs courants parmis les grandes familles pétrolières. La famille royale est historiquement un allié de l'Amérique qui se porte garant de sa pérennité à n'importe quel prix (dixit lla fin de Saddam Hussein). Mais il existe des courants whahabites, ultra religieux et traditionalistes dont les ambitions sont assez proches de la Révolution iranienne, à savoir l'instauration d'un grand Califat arabo-musulman, ennemi de l'Occident. Pour celà il faut de l'argent, du pouvoir...du pétrole. Pour l'heure ils en ont assez pour financer le réseau Al Quaida, ses groupes terroristes, ses mosquées intégristes partout en occident. Mais pas suffisement pour agir au grand jour à la façon iranienne.
Ben Laden tenta une sorte de putch lors de l'invasion du Koweit. Il se proposa d'intervenir avec ses miliciens moudjahidin afghans. Mais les Saoud lui préférèrent la machine de guerre américaine, qui installa ses base sur le sol sacré d'Arabie Saoudite. Pour Ben Laden le fondamentaliste ce fut un affront et une déclaration de guerre, depuis son obsession est de chasser les infidèles américains d'Arabie et par la même occasion d'y prendre le pouvoir. Pour celà il dispose encore d'appuis importants au Pakistan dont la situation politique est finallement assez proche de l'Arabie Saoudite (pouvoir pro-américain, dissidence islamiste), ou encore de l'Egypte.
Dans ce contexte le Pakistan se trouve à un carrefour stratégique : voisin de l'Iran il convient pour les américains de la garder comme allié, d'autant que l'alternative serait que sa puissance nucléaire tombe aux mains des islamistes, situation aussi inacceptable que de voir l'Iran posséder la bombe. Islamistes pakistanais qui prirent un sérieux revers lors de la chute des Talibans mais qui restent encore bien implantés et particulièrement virulents.
Mais s'allier au Pakistan c'est s'alliener à l'Inde. Or l'Inde est une puissance (nucléaire) montante au niveau économique et qui se rapproche, de fait, du monde occidental, bien qu'ayant une identité culturelle forte parfois même violente. Malgré son image historique pacifique, l'Inde est parcourue de mouvements nationalistes et guerriers assez inquiétants.
Pas très loin se trouve la Chine, en plein boom économique, et qui manque cruellement d'énergie (électrique et pétrolière). Après avoir développé ses infrastructures économiques la Chine développe son potentiel militaire. Bientôt elle passera à l'offensive diplomatique, et sur son chemin se trouvent le Japon et son protecteur les USA (encore eux). Que ce soit sur Taiwan ou la Corée, la Chine se trouvera forcemment en opposition stratégique avec l'Amérique. Or en tant que puissance économique (et bientot politique) majeure du XXI ème siècle, la Chine a tout intérêt à trouver ses propres approvisionnements en pétrole et à forger ses propres alliances d'intérêts.
Elle commence déjà à se lancer à la conquête économique et diplomatique de l'Afrique. Pour des raisons de proximité et quelque part de logique, elle a tout intérêt à se rapprocher de l'Iran. D'une part elle pourrait lui acheter son pétrole, d'autre part elle ne constitue pas de danger idéologique dupoint de vue de l'ouverture à la démocratie. En réalité un axe Iran-Chine serait le plus grand danger qu'ait connu l'Amérique et l'Occident depuis le début de leur suprématie mondiale. Aussi bien d'un point de vue économique que militaire.
Et l'Europe pendant ce temps la ? Pour l'instant elle compte les coups et ménage tout le monde. Elle tente d'amadouer le monde arabo-musulman (souvent au détriment d'Israel). Jusque là elle misait (en particulier la France) sur le pan-arabisme, symbolisé par les baasistes, mais ils sont obligés de s'apercevoir que la donne à changée, l'époque aussi. Elle perçoit le danger d'une surpuissance iranienne dans la région aussi bien que la montée des fondamentalistes sunnites. Mais elle hésite encore à miser sur la démocratisation des pays arabes.
L'UE s'inquiète également de la dérive totalitaire de la Russie. Une manne pétrolière providentielle sur la Russie lui redonnerait beaucoup de pouvoir et en de mauvaises mains. Ses tendances nationalistes et le pouvoir de couper le gaz ou le pétrole lui permettrait de reprendre de l'influence sur les pays de l'est (et en particulier sur l'Ukraine).
D'un autre côté l'UE (mais aussi les USA) ne peuvent pas se permettre de rompre ses relations tant avec la Chine qui fournit la presque totalité de ses produits manufacturés qu'avec le moyen orient qui fournit le pétrole.
En fin de compte l'UE a un pouvoir diplomatique extrèmement limité, n'ayant aucun moyen de prendre qui que ce soit de front, son rôle étant plutot de modérer les tensions internationales. Restant, quoiqu'il en soit, à la remorque des Etats-Unis, bon gré mal gré face à des menaces communes, avec comme atout d'être moins dépendante du pétrole et en mesure de trouver des alternatives énergétiques à moyen terme.